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L’école est à bien des égards un nœud central de la cité, par les sociabilités locales qu’elle crée entre parents, par l’importance qu’accorde une grande majorité de nos concitoyens, femmes et hommes, à leur progéniture, et par l’ensemble des enjeux de fond qui s’expriment au travers des politiques éducatives.

Comment appréhender cet espace, et quel rôle peut avoir un parti communiste autour de tout cela ? À quelques jours de la rentrée scolaire, l’objectif de cette rubrique est d’apporter des premiers éclairages, et de donner des pistes pour passer à l’action.
Nous prenons notamment le cas particulier – et ô combien fréquent hélas – d’une fermeture de classe, comme objet concret contre lequel organiser une mobilisation. Aisément identifiable comme attaque contre la qualité du service public de l’éducation pour nos enfants, une fermeture de classe présente donc un potentiel de mobilisation majoritaire important : là où le consensus est large dans la société, là où les enjeux sont spontanément perçus comme primordiaux, le terreau est fertile pour mettre en mouvement la population et engager des luttes locales victorieuses, point de départ d’un combat plus large pour le changement de société.
À l’action, « pas touche à notre école ! »  l

Jérémie Giono


Quelques exemples de fermetures de classes annulées suite à l’action des communistes :

Flocques (Seine-Maritime, 76)
Menacée de fermeture depuis mars 2018, la classe de l’école du Tilleul rouvrira en septembre, suite à la mobilisation des parents soutenus par le député PCF Sébastien Jumel.

La Ricamarie (Loire, 42)
La décision de fermer une classe REP+ a été annulée début juillet 2018, sous la pression des parents et des enseignants, soutenus
par le maire PCF Cyrille Bonnefoy.

Gennevilliers (Hauts-de-Seine, 92)
Suite à la forte mobilisation
des parents d’élèves, soutenus
par la municipalité communiste ainsi que par la députée Elsa Faucillon, la fermeture d’une classe sur l’école Caillebotte a été annulée en septembre 2017.


Avec Elsa Faucillon, les sorties d’écoles comme « permanence de terrain »

Lorsqu’Elsa Faucillon reconquiert la 1re circonscription des Hauts-de-Seine (92), elle met en place une pratique originale, les « permanences de terrain ».

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L’idée est simple : aller à la rencontre des habitants du territoire une fois par semaine minimum, pour construire un lien sur la durée. L’abord des écoles maternelles s’impose rapidement comme le lieu idéal, sur lequel il est possible de croiser le plus de monde, notamment lors de la dépose des enfants le matin. Ainsi, la députée construit un planning pour tourner alternativement sur les trois communes de sa circonscription. Les dates et lieux sont annoncés à l’avance sur les réseaux sociaux et sur le site, pour permettre aux habitants de venir à la rencontre de l’élue, et aux communistes du territoire d’accompagner ces initiatives. L’information distribuée peut concerner l’école – d’autant qu’Elsa Faucillon siège au sein de la commission Éducation de l’Assemblée nationale – mais pas toujours, c’est aussi un moyen de diffuser la Lettre de la parlementaire, ou encore un tract du moment résumant sous forme de brèves les différentes interventions et prises de position de l’élue. Ces « permanences de terrain » permettent aussi aux habitants de faire remonter leurs doléances, d’alerter sur les problématiques qu’ils et elles rencontrent, ou tout simplement d’échanger sans formalisme avec leur députée sur tel ou tel sujet.
Si la surprise était un peu de mise au départ (« mais il y a encore une élection ? »), ces points de rencontre sont vite entrés dans les mœurs, et l’accueil est positif : les habitants découvrent ainsi que les communistes ne se montrent pas seulement pour se faire élire, et sont à leurs côtés au quotidien ! 


Abécédaire

AED. Les assistants d’éducation, contractuels de l’éducation nationale, exercent les fonctions d’encadrement et de surveillance des élèves dans les établissementsdu second degré.
ATSEM. L’agent territorial spécialisé des écoles maternelles accompagne tout au long de la journée les enfants de maternelle dans leurs activités. ll apporte une assistance technique et éducative à l’enseignant mais aussi de plus en plus aux animateurs dans le cadre des activités périscolaires. L’ATSEM est embauché par la commune, mais exerce sous la responsabilité du directeur d’école.
AVS. Contractuel de l’éducation nationale, l’auxiliaire de vie scolaire est chargé d’accompagner les enfants handicapés dans le cadre de leur vie scolaire et parascolaire.
CDEN. Le conseil départemental de l’éducation nationale joue principalement un rôle consultatif (structure de consultation). Il est compétent pour tout ce qui se rapporte à la carte scolaire départementale du premier degré (écoles primaires, maternelles et élémentaires) et à la scolarisation des élèves dans les collèges. Il est composé de représentants des collectivités, des parents d’élèves et des personnels de l’éducation nationale.
CONSEIL D’ÉCOLE. Il est composé de personnels de l’école, d’élus locaux et de représentants des parents d’élèves. Il se réunit pour prendre les décisions qui concernent la vie de l’école.
DHG/DGH. La dotation horaire globale est l’enveloppe d’heures d’enseignement octroyée à l’établissement par l’Inspection académique (pour les collèges) ou par le Rectorat (pour les lycées), qui en déterminent le montant en fonction des effectifs prévus d’une année à l’autre, des options ou des spécialités proposées et des diverses voies d’orientation (après la 2de). Véritable nerf de la guerre avec les moyens financiers alloués, la DHG constitue les moyens humains en terme pédagogique destinés aux établissements scolaires.
Éducation prioritaire (ZEP, REP, REP+). Les zones d’éducation prioritaire, mises en place en 1981, désignent les territoires où des moyens supplémentaires sont affectés pour faire face aux difficultés d’ordre social et scolaire. Depuis remplacés par les REP (Réseaux d’éducation prioritaire) et REP+,les remaniements de la cartographie de ces dispositifs entraînent souvent des problématiques et des luttes locales lorsque des territoires s’en voient retirés.
TAP. Les temps d’activités périscolaires sont organisés par la commune, en complément du temps scolaire. Les rythmes scolaires, qui règlent l’organisation de la semaine entre-temps scolaire obligatoire et temps périscolaire facultatif, sont décidés par la commune.


Préparer la rentrée scolaire avec le réseau École

Entretien avec Marine Roussillon, responsable du réseau École. http://reseau-ecole.pcf.fr

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Le gouvernement a réformé tous azimuts l’éducation ces derniers mois : quelle analyse politique portes-tu sur les réformes ?
Dans la continuité des politiques menées depuis plus de dix ans, ces réformes créent une éducation de plus en plus inégalitaire, individualisée et soumise à la concurrence. Avec le rôle croissant des savoirs dans nos sociétés, le capitalisme est face à une contradiction : comment élever le niveau de formation des salariés de demain sans leur donner plus de pouvoir sur leur travail ? Les politiques en cours répondent à cette contradiction en généralisant la sélection à tous les niveaux, en isolant les futurs salariés (individualisation des parcours, casse des diplômes nationaux), en fragmentant les savoirs et en transformant les enseignants en exécutants. Pour rendre ces politiques acceptables, on cherche à imposer l’idée que tous les enfants ne sont pas capables de réussir à l’école, qu’il y a différentes sortes d’intelligence… Évidemment, ce sont toujours les enfants des couches les plus populaires qui ne sont « pas faits pour l’école ».

Qu’est-ce que le « réseau École » ? En quoi est-il utile au combat politique du PCF ?
Le PCF a besoin de montrer la cohérence des réformes libérales et de porter un contre-projet. C’est d’autant plus important que l’éducation est un enjeu stratégique pour le projet communiste. Les questions éducatives sont au cœur des contradictions du capitalisme contemporain et de la crise de civilisation que nous traversons. Les inégalités croissantes d’appropriation des savoirs sont un obstacle majeur à la réalisation du projet communiste.

« L’ensemble du monde éducatif traverse une crise de sens.»

Ces questions sont aussi stratégiques pour construire des rapports de force : historiquement, les enjeux d’éducation ont souvent permis de faire converger les couches les plus populaires et les couches moyennes du salariat. Dans ces batailles se construisent des alliances cruciales pour imposer des transformations révolutionnaires.
Enfin, l’éducation a longtemps été un identifiant de la « gauche » : dans une période de restructuration politique, elle est l’un des lieux où les forces de progrès peuvent se retrouver et se reconstruire.
Le réseau École cherche à relever ces différents défis. C’est à la fois une commission de travail du parti, qui élabore des propositions, réagit à l’actualité… et un lieu de débats ouvert, associant des communistes, des syndicalistes, des chercheurs, des militants pédagogiques ou associatifs, pour travailler ensemble à des analyses partagées et à des propositions majoritaires.

Les congrès successifs ont fait de la structuration du parti sur les lieux de travail une priorité. Qu’en est-il dans le domaine éducatif ? Le réseau École a-t-il un rôle à jouer ?
Traditionnellement, l’organisation politique des personnels de l’éducation sur leurs lieux de travail est difficile, même si quelques cellules d’enseignants existent. Cependant, il y a aujourd’hui un véritable besoin de faire rentrer la politique dans les établissements. D’une part, le milieu enseignant, électorat traditionnel du PS, souffre d’une véritable désaffiliation politique depuis le quinquennat Hollande. D’autre part, l’ensemble du monde éducatif traverse une crise de sens. Face aux injonctions contradictoires – faire réussir les élèves ou les trier ? –, à l’absence de moyens et à l’évaluation généralisée, les enseignants perdent le sens de leur métier. La réponse à cette crise est politique. Il y a besoin d’échanger largement sur le sens de l’école et sur ce que la société attend des enseignants.

« Les enjeux d’éducation ont souvent permis de faire converger les couches les plus populaires et les couches moyennes du salariat.»

Les publications du réseau École sont là pour faciliter ces échanges, dans les salles des profs comme dans les quartiers. Le bulletin Luttes de classes peut servir de support pour débattre de l’actualité de l’éducation, décrypter les réformes… La revue Carnets rouges est une ressource pour aider les acteurs de l’éducation à réfléchir ensemble sur leurs pratiques et leurs enjeux politiques.
Les rédacteurs de la revue sont disponibles pour venir animer des discussions dans les établissements. Ces échanges ponctuels peuvent déboucher sur des structurations de plus long terme : débats réguliers, réseaux locaux, cellules réunissant les enseignants d’un ou plusieurs établissements…

Comment le réseau École peut-il aider à développer des batailles concrètes ?
Le réseau produit des argumentaires, des modèles de tracts, des visuels… sur les enjeux d’actualité. Il peut aussi offrir un relais national aux batailles locales pour mettre en contact tous ceux qui mènent des luttes similaires sur le territoire, les aider à trouver un écho au parlement, leur fournir des interlocuteurs parmi les chercheurs, les militants associatifs ou les syndicats…
Il lance aussi régulièrement des batailles propres au PCF, notamment à l’occasion de la rentrée scolaire.
L’enjeu de ces batailles, au-delà des revendications immédiates, est de construire des fronts rassemblant les franges les plus populaires du salariat et les couches moyennes. Ces dernières années, les batailles pour la mixité sociale et scolaire ont ainsi été l’occasion de construire des fronts inédits (qu’on pense aux collectifs du Petit Bard à Montpellier ou des Bonnets d’ânes dans le 93). La présence du PCF y est essentielle : non seulement pour les soutenir, mais aussi pour les nourrir de nos propositions et aider à leur amplification.

« Le « matériel de rentrée » doit permettre à n’importe quel militant d’intervenir dans son établissement ou dans son quartier, et pourra nourrir les nombreuses initiatives de sections ou de fédérations autour d’enjeux locaux. »

En lien avec ces batailles, le réseau École veut contribuer à la construction d’un projet progressiste pour l’école, capable de s’opposer au projet libéral. Nous avons d’ores et déjà produit une brochure, L’École en commun, qui doit servir de support de discussion.

Comme l’année passée, le réseau va proposer une campagne de rentrée. Comment va-t-elle se décliner concrètement ?
Nous voulons provoquer le débat en partant de la question : qui mérite de réussir ? Contre le discours libéral du « mérite », pour qui il y a « ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien », nous voulons montrer qu’il n’y a de réussite que collective, que l’apprentissage passe par l’échange et le partage.
Nous proposerons un argumentaire développé, un numéro spécial de Luttes de classes ainsi qu’un modèle de tract à adapter localement. Nous diffuserons aussi des visuels à décliner en affiches, autocollants ou sur les réseaux sociaux. Enfin, nous fournirons un support spécifiquement adressé aux enseignants, à afficher en salle des profs.
Ce matériel doit permettre à n’importe quel militant d’intervenir dans son établissement ou dans son quartier, et pourra nourrir les nombreuses initiatives de sections ou de fédérations autour de situations locales. l
Quelles sont les perspectives au niveau national ?

« Le réseau produit des argumentaires, des modèles de tracts, des visuels… sur les enjeux d’actualité. »

Depuis le dernier congrès, nous avons engagé un recensement de ces initiatives. Nous allons maintenant nous atteler à construire un vrai collectif national, avec des relais dans les fédérations, pour donner une nouvelle dimension à ce pan du combat politique. Un chantier est ouvert dans le cadre du congrès, il permettra d’avancer sur ce terrain, de confronter les expériences, pour franchir un cap. Je suis convaincu que ces actions doivent devenir un identifiant fort du PCF, pour que l’on apparaisse clairement comme le parti de la solidarité concrète, le parti de « l’humain d’abord ! ».

 


CAS PRATIQUE

Scénario d’une lutte contre la fermeture d’une classe en élémentaire

Les politiques d’austérité conduisent fréquemment à des fermetures de classe. Si le milieu rural connaît ces problématiques depuis de nombreuses années, celles-ci se généralisent désormais en milieu urbain.
Pour mobiliser, il faut identifier les rôles de chacun :
• l’adversaire : c’est le rectorat, instance déconcentrée du ministère de l’Éducation nationale, qui a la main sur les fermetures de classes ;
• les alliés potentiels : les élus et les collectivités territoriales, le Conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN) ;
• ceux qu’il faut mobiliser : les personnels (avec leurs syndicats), les parents d’élève (avec le conseil d’école et/ou la FCPE si elle existe).

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Gagner une telle bataille se fait en plusieurs étapes :

Étape 1 : Rassembler les forces disponibles
Prendre les contacts de tous les partenaires potentiels, qu’ils soient organisés (syndicats d’enseignants et de personnels, fédérations de parents d’élèves, représentants au conseil d’école, groupes d’élus) ou non, et proposer une réunion publique unitaire. L’unité dans l’action est un déclencheur dans l’esprit des gens pour faire dire : « il se passe quelque chose ».

Étape 2 : Passer à l’action
Communiqué de presse, tract unitaire à distribuer devant l’école, gestion des réseaux sociaux, banderole déployée sur l’école, etc.
Toutes les initiatives pour briser le quotidien et faire parler de la lutte sont bonnes à prendre, avec une optique de visibilité maximale. La seule consigne est « n’attendez pas les consignes ».
Ces actions unitaires ne se substituent pas à une communication en propre du parti, qui a vocation à politiser la lutte. Si la cible du collectif unitaire est le rectorat, responsable direct de cette fermeture de classe, la cible de l’action partisane est le ministère et la politique du gouvernement, avec en ligne de mire les choix budgétaires qui étouffent les services publics au bénéfice de la classe dominante.

Étape 3 : Construire le rapport de force
L’outil traditionnel est la pétition, qui peut être complétée par une politisation de l’intervention citoyenne traditionnelle sur les écoles : les petits-déjeuners, les gâteaux-discussions…
Là où la direction de l’école est favorable au mouvement, des « kermesses contre la fermeture » peuvent rencontrer un grand succès.
Il s’agit de faire monter la pression graduellement : diffusion du numéro du rectorat aux parents d’élèves pour qu’ils fassent remonter directement leur mécontentement, conférence de presse, officialisation du soutien d’élus, voire de collectivités territoriales, occupation de l’école, manifestation… à toujours orienter en direction du rectorat, notre cible, et de l’opinion publique, pour élargir la mobilisation.

Étape 4 : Engager les négociations
Pour gagner, il faut pouvoir dialoguer avec le rectorat, qui prendra la décision de revenir sur la fermeture de classe. Celui-ci recevra normalement une délégation après une manifestation ou un rassemblement. Cette délégation doit être représentative du mouvement, composée de personnels, de parents d’élèves et d’élus. Nous devons veiller à la présence de communistes et de sympathisants, en donnant la priorité aux femmes et aux hommes les plus investis dans la mobilisation, et donc les plus à même de représenter celle-ci efficacement.
[Si l’étape 4 n’aboutit pas à la victoire, repasser aux étapes 2 & 3 pour faire monter la pression !]

Étape 5 : Populariser la victoire
Une fois le maintien de la classe gagné, la lutte n’est pas finie. Nous devons populariser la victoire en tant que démonstration que la mobilisation collective paye. Un tract « victoire » peut être l’occasion d’expliquer la nécessité de la construction du rapport de force, notre projet pour l’éducation et l’outil de chacune et de chacun pour faire reculer la classe dominante : s’engager au parti communiste.


 

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Lutte victorieuse pour les collèges dans la Somme !

Mi-juin 2018, le président du département de la Somme (majorité LR/UDI) annonce la fermeture de trois collèges sous sa responsabilité. Derrière des arguments pseudo-pédagogiques – « les élèves réussiront mieux dans un plus grand établissement », « les conditions d’études seront meilleures »… –, l’objectif est purement comptable : il s’agit du « bon usage des deniers publics », dit plus clairement de faire des économies sur le dos du service public.
Dès l’annonce, les élus PCF, Front de gauche et Génération·s convoquent une réunion publique unitaire. De cette réunion se mettra en place un large collectif de mobilisation, regroupant forces politiques, mais aussi syndicats d’enseignants et associations de parents d’élèves. Tous s’accordent pour axer prioritairement la mobilisation vers les parents d’élèves, représentant les intérêts des usagers, et les plus susceptibles d’élargir à la population.
Un tract, des affiches et une pétition en ligne sont lancés, en quelques jours plus de mille cinq cents signatures sont récoltées. Des actions sont menées rapidement devant les collèges, avec rassemblements, assemblées d’enseignants et de parents, porte-à-porte dans les quartiers… Les élus locaux sont interpellés : la mairie de Domart-en-Ponthieu s’engage en soutien, organisant le transport en car pour la manifestation centrale sur Amiens ; le député (FI/PCF) François Ruffin est partie prenante de la mobilisation, avec le collectif « Picardie debout », et apporte un relais médiatique à la lutte. En parallèle, la droite d’Amiens est mise devant ses contradictions : quelques mois avant l’annonce du département, les élus communistes avaient fait voter un vœu contre la fermeture des collèges, à l’unanimité du conseil municipal.
Sous la pression populaire, l’inspection d’académie se désolidarise publiquement du département, qui finit par reculer au bout de quelques jours, renonçant aux fermetures arbitraires et annonçant la mise en place d’une « commission de concertation ».
Zoé Desbureaux (PCF) nous explique que si la mobilisation est partie aussi vite et fort, c’est pour trois raisons. D’une part, le bruit de ces fermetures courait depuis quelque temps déjà, et les communistes avaient alerté la population, malgré les démentis d’alors de la droite. D’autre part, depuis quelque temps les forces politiques de gauche ont pris des habitudes de travail en commun sur le territoire, favorisant l’émergence de fronts unis sur les luttes locales. Et enfin, une grande bataille venait d’être menée fin 2017 sur le terrain des fermetures de classes en primaire, sur le même modèle de combat commun rassemblant forces politiques, syndicats enseignants et associations de parents. Ce combat, mené sous le slogan « écoles debout », a engrangé des victoires partielles (trente fermetures de classes annulées sur soixante annoncées), ce qui veut dire que tous avaient en mémoire une expérience récente de lutte payante.
De plus, un important travail a été réalisé très rapidement par les militants, pour démonter les arguments de la droite : plusieurs études sur la réussite scolaire ont ainsi été épluchées, pour trouver chiffres et données venant en appui du discours de la mobilisation.

Bref, un bel exemple de combat local gagnant !

Cause commune n° 7 - septembre/octobre 2018