Par

Évolution des émissions de CO2 dues à l’énergie en France par secteur de 1990 à 2015

evolution-des-emissions-de-CO2.jpgSource : SDES (Service de la donnée et des études statistiques), « Une analyse de la baisse des émissions de CO2
dues à la combustion d’énergie en France depuis 1990 », Les Acteurs économiques et l’environnement, 2017.

En France, 295 millions de tonnes de CO2 ont été émises en 2015 dans le cadre de la consommation d’énergie (70 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre). Ces émissions incluent aussi bien de la consommation d’énergie à des fins de production industrielle ou tertiaire que la consommation des ménages pour leurs logements ou le transport, par exemple. Sur vingt-cinq ans, ces émissions ont diminué de 18 %. Dans le même temps, pourtant, la population a augmenté de 14 % et la production totale de 44 %, deux facteurs importants qui contribuent mécaniquement à la hausse des émissions de CO2. Alors, comment la France est-elle parvenue à réduire ses émissions de CO2 ?
Le premier facteur est la baisse de « l’intensité carbone » de la production d’énergie primaire, c’est-à-dire de la quantité de CO2 émise pour produire une unité d’énergie. En 1990, la production d’une tonne équivalent pétrole provoquait l’émission de 1,6 tonne de CO2. En 2015, pour la même quantité d’énergie, on n’émet plus que 1,2 tonne de CO2. Cette baisse est due aux évolutions dans la répartition des sources d’énergie : la hausse de la production d’énergie est ainsi responsable de la moitié de la baisse, et le déploiement des énergies renouvelables a contribué à 18 % de la baisse de l’intensité carbone sur la période. Au sein des énergies fossiles, le développement du gaz au détriment du charbon et des produits pétroliers a aussi contribué à la réduction de l’intensité carbone.
Le second facteur ayant mené à la baisse des émissions en CO2 est la diminution de l’intensité énergétique de l’économie : non seulement l’énergie que l’on consomme est moins émettrice de CO2, mais pour produire une quantité donnée, on consomme moins d’énergie qu’auparavant. Cela est particulièrement notable dans le secteur productif, sous la conjonction de deux effets. D’une part l’économie a poursuivi sa tertiarisation et la production industrielle a diminué. Or celle-ci est une importante consommatrice d’énergie : environ la moitié de l’énergie consommée par le secteur productif provient de l’industrie, qui ne contribue qu’à un cinquième du PIB. D’autre part, même au sein du secteur industriel, des progrès dans les procédés de fabrication ont permis une forte réduction de l’émission de CO2 : -2,5 % par an en moyenne entre 2002 et 2015.
Une des activités les plus émettrices de CO2 reste les transports : un tiers des émissions de CO2 dues à la consommation d’énergie le sont pour le transport de marchandises ou de personnes. Dans ce domaine, la situation est beaucoup plus mitigée, malgré des progrès techniques diminuant la consommation des véhicules et l’apparition de nouveaux modes moins émetteurs de CO2 (biocarburants, véhicules électriques ou hybrides…). Entre 1990 et 2015, les émissions de CO2 liées au transport de marchandises n’ont ainsi baissé que de 2 %, sous l’effet d’une hausse importante de l’activité jusqu’à la crise de 2008, ainsi qu’en raison d’une part du transport routier de plus en plus importante, au détriment du transport ferroviaire ou fluvial, moins consommateurs en énergie. Pour le transport de particuliers, le bilan est plus mauvais encore : les émissions de CO2 ont augmenté de 9 % en vingt-cinq ans, essentiellement sous l’effet de l’augmentation du nombre de kilomètres parcourus.

Cause commune n° 6 - juillet/août 2018